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Dérapage des finances publiques : Gabriel Attal estime devant le Sénat avoir pris des « décisions fortes »

L’ancien premier ministre Gabriel Attal a assuré vendredi 8 novembre devant le Sénat avoir pris des « décisions fortes » quand il était à Matignon pour juguler le dérapage du budget. « Nous avons eu des alertes [sur la dégradation des finances publiques] et nous avons pris, je crois, des décisions fortes », a affirmé l’ancien chef de gouvernement, entendu par les sénateurs dans le cadre d’une mission d’information sur la dérive des comptes publics, avant une commission d’enquête à l’Assemblée nationale.
« Nous avons révisé la prévision de croissance, nous avons rehaussé la cible de déficit, nous avons décidé de faire 20 milliards d’euros d’économies en cours d’année, et nous avons préparé un budget de l’État avec 15 milliards d’euros d’économies », a fait valoir M. Attal, désormais chef de file des députés macronistes Ensemble pour la République (EPR, ex-Renaissance). « Je ne crois pas que dans le passé, sur un temps aussi court, un gouvernement ait identifié et ait osé réaliser autant d’économies », a-t-il appuyé, estimant avoir eu « une haute conscience de la tension sur nos finances publiques » quand il était rue de Varenne.
Les échanges, vendredi, ont été globalement très virulents entre M. Attal et le rapporteur général du budget au Sénat, Jean-François Husson (Les Républicains). « Cela part complètement en sucette ! Quand il y a un écart de 50 milliards en neuf mois (…) c’est un manque de rigueur dans la tenue de nos comptes », s’est indigné le sénateur LR. Le rapporteur a accusé M. Attal d’avoir engagé une longue liste de « dépenses nouvelles » pour un montant de 5 milliards d’euros, citant « les aides d’urgence à la filière bio, le versement du chèque énergie, différentes annonces pour la question agricole (…), la revalorisation salariale dans le secteur de la petite enfance et l’Ukraine ».
L’ancien premier ministre a contre-attaqué en exigeant de M. Husson qu’il cite les dépenses qui ont « dégradé le solde 2024 », assurant que le dérapage budgétaire avait été provoqué par un problème de recettes et non par des dépenses supplémentaires. Sans apporter de réponse aux questions réitérées de M. Attal, M. Husson a assuré que « tout cela était parfaitement vérifiable », se demandant si l’ancien chef du gouvernement n’était pas « dans une situation de déni ». Gabriel Attal a également trouvé « scandaleux » le « procès politique, médiatique » fait à l’ancien ministre de l’économie Bruno Le Maire, saluant son « obsession de désendetter la France ».
Le Sénat, dont la majorité de droite et du centre s’inscrivait dans l’opposition jusqu’à la nomination de Michel Barnier à Matignon, s’était montré très offensif ces dernières années contre Bercy et M. Le Maire, régulièrement accusé « d’insincérité » et « d’opacité » vis-à-vis du Parlement. Jeudi, l’ancien ministre de l’économie a réfuté devant les mêmes sénateurs toute « faute » ou « dissimulation » face à l’importante dégradation des finances publiques de la France.
Le déficit public est attendu à 6,1 % du produit intérieur brut (PIB) cette année, un chiffre très éloigné des 4,4 % prévus à l’automne 2023 et des 5,1 % prévus au printemps, après réévaluation par l’exécutif précédent. Il ne passerait sous les 3 % du PIB autorisés par l’Union européenne qu’en 2029, faisant de la France un mauvais élève de l’Union. Ce dérapage a suscité des questionnements sur la fiabilité des prévisions de la précédente majorité macroniste.
Le Sénat doit également entendre la prédécesseure de Gabriel Attal, Elisabeth Borne, le 15 novembre. La chambre haute va se pencher, à partir de la semaine prochaine, sur le projet de budget 2025 et les « 60 milliards » d’euros d’économies qu’il prévoit.
Le Monde avec AFP
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